J'ai commencé à écrire des histoires au collège. J'ai passé un nombre incalculable d'heures d'étude à noircir des doubles feuilles à carreaux de mes rêves éveillés, de mes histoires fantasmées. En réalité, j'ai bien écrit quelques petites histoires avant, mais Totor le taureau qui parle sur le pont du petit village où j'ai grandi n'avait pas vocation à être lu et apprécié de quelque manière que ce soit.
Je me rappelle, en Cinquième, mon professeur principal m'avait demandé si je ne voulais pas faire Grec ou Latin, m'ajouter une option pour soutenir mes résultats scolaires déjà bon. J'ai un peu ri et n'ai pas mis longtemps à lui dire non. Me rajouter une matière, c'était m'enlever des heures de rêvasseries, m'enlever du temps pour écrire, et c'était inimaginable pour moi. Certes, sans aucune option, j'avais plein d'heures d'études où j'avais l'air de ne rien faire. Mais c'est lorsque je ne faisais rien que j'élaborais mes histoires, devenant plus complexes avec le temps. J'avais besoin de ses heures, de ce temps-là. Je m'échappais à ma vie qui me faisait souffrir. Je fuyais le difficile, j'oubliais les traumatismes s'installant pourtant bien, à bas bruit.
Si jeune, j'écrivais sur la mort, l'attente de la mort et la délivrance qu'elle pouvait représenter. Si jeune, j'écrivais sur la vie, ce qu'elle devrait être et ce que je voulais qu'elle soit. Et puis j'ai commencé à me créer des scénarios dans ma tête à la première personne, c'était moi mais ne me ressemblait pas. Je découvrais les garçons, l'amour, le désir, le bonheur, dans mon esprit. Je me les représentais selon les livres que je lisais et les films que je regardais, boostés par mes propres fantasmes. Ces rêves éveillés étaient devenus un outil pour surmonter les épreuves. Chaque histoire durait quelques mois. Elles commençaient souvent au collège, avec un garçon existant dans la vraie vie, que j'aimais bien ou qui me plaisait. Et je créais la rencontre, le coup de foudre, la formation du couple, les hauts et les bas, les évènements importants, jusqu'au mariage et parfois aux enfants. Enfin, la grossesse car je n'ai jamais pu aller au-delà du couple en lui-même. Lorsque je n'étais pas loin d'accoucher, une nouvelle histoire recommençait, avec un autre garçon tiré de la vraie vie. Mon moi m'apparaissait blonde, brune, ou même avec les cheveux noirs et métisse mais la plupart du temps, j'avais la peau blanche et des traits fins ; ce que je considérais comme beau, et comme j'aurais voulu être surtout. Un jour, j'ai commencé à écrire une histoire comme celle-ci. Au fur et à mesure que je la vivais virtuellement, je l'écrivais. Cette fois c'était différent, j'étais adulte dès le début et j'étais vraiment puéricultrice - le métier que je rêvais de faire depuis petite. En ce temps-là, je suis en Troisième et j'effectue mon stage de découverte en crèche. Instant Crush est né.
Cette histoire, c'est l'histoire de Nina, puéricultrice fraichement diplômée et de Nathaniel, jeune avocat. Ils vivent ensemble une histoire d'amour que j'enviais. Un amour passionné et tragique. Ce livre dans sa première partie est littéralement tiré de mes songes diurnes, c'est mon fantasme tel que je le vivais dans ma tête. Puis j'ai grandi, j'ai fait des pauses dans son élaboration, parfois de quatre à six mois. Je suis arrivée au lycée, j'ai expérimenté quelques crushs. Et l'histoire a pris un tournant plus réaliste. A vrai dire, j'ai arrêté de fantasmer ma vie et j'ai commencé à la vivre. Le lycée a été la plus belle partie de mon enfance ; j'ai travaillé comme animatrice Francas l'été et les vacances, j'ai ressenti des sentiments amoureux, j'ai été heureuse. Le livre à ce moment-là change car il est raconté par une jeune fille, plus une enfant.
Instant Crush a été commencé en décembre 2012, et je l'ai terminé l'année du baccalauréat, en 2016. Cette dernière année de lycée a été riche pour moi, entre le théâtre, la musique, la préparation aux concours pour intégrer l'école d'infirmière... et l'achèvement de mon premier roman. Même si très peu de gens étaient au courant de cette romance - j'ai dû en parler à deux amies très proches -, j'en étais si fière.
Il aura fallu six ans, un nombre x de relectures, un autre livre en préparation, un besoin d'être évaluée dans cette discipline qu'est l'écriture par une entité plus légitime et plus objective que mes amies, et le Lys Bleu Editions qui proposaient de lire un manuscrit gratuitement pour que je le présente au public. Je sais que mon livre n'est pas ma meilleure œuvre, il a beaucoup de défaut et le fait de l'avoir écrit pendant si longtemps dans une période de grands changements en est le principal. On sent que la personne qui l'a écrit évolue au fil de l'histoire. Il y a beaucoup de répétitions d'adverbes, de passages cucul la praline, d'éléments visiblement racontés par quelqu'un qui manque d'expérience de vie. Mais c'est mon premier roman, la consécration de toutes ces heures d'études à "ne rien faire", de toutes ces histoires fantasmées que j'étais persuadée de ne jamais avoir l'occasion de vivre un jour, de ces instants d'évasions grandement nécessaires. Je l'aime comme on aime son premier livre, avec ses défauts et tout ce qu'il a pu m'apporter en tant que personne.
Aujourd'hui, il est disponible à l'achat sur la Fnac, Amazon, sur le site du Lys Bleu Editions et d'autres sites, pour 17.70€.
Si vous le souhaitez dédicacé, j'ai quelques exemplaires
personnels que je peux vous faire parvenir par la poste, contactez-moi.
Wilaukee S.